Dans cet article, je vais répondre à la question : « doit-on travailler gratuitement quand on débute ? ». Cela s’adresse à ceux qui souhaitent se lancer dans la photo culinaire mais peut très bien s’appliquer à d’autres métiers.
D’ailleurs, si vous souhaitez des conseils pour vous lancer dans la photographie culinaire, j’ai créé une newsletter bimensuelle dans laquelle je partage toutes mes astuces pour développer son activité.
Travailler gratuitement quand on débute est une question très controversée et chacun a son avis sur la question. Je vais vous dire ce que j’en pense mais sachez que cela ne sera sans doute pas l’avis de tout le monde. D’ailleurs, cela m’intéresse que vous partagiez votre avis dans les commentaires.
La fameuse demande
Si vous avez un compte Instagram et/ou un blog, vous avez peut-être déjà reçu des propositions de marques ou d’agences vous demandant de publier quelque chose en échange de produits et/ou de visibilité. Souvent ces produits valent quelques euros voire quelques dizaines d’euros maximum.
Cela peut être flatteur la première fois que vous recevez ce genre de proposition. Vous vous dites « Tiens, mon contenu a attiré l’attention d’une marque ou d’une agence », cela flatte votre égo.
Ce qu’il faut que vous compreniez, c’est que si la marque ou l’agence vous contacte, c’est qu’elle a quelque chose à y gagner.
Elle se dit qu’elle va pouvoir toucher votre communauté à travers votre contenu ou avoir plus de crédibilité grâce à votre référencement. Même si vous n’avez pas beaucoup d’abonnés, il faut savoir que les nano influenceurs ont souvent un taux d’engagement beaucoup plus grand que les influenceurs à plusieurs dizaines ou centaines de milliers d’abonnés. Cela signifie qu’elle a plus de chances de toucher des personnes qualifiées et ça, c’est de l’or pour une marque.
De plus, elle se dit qu’avec votre nombre d’abonnés, il y a plus de chances que vous acceptiez de travailler gratuitement. J’ai déjà lu sur certains sites destinés aux professionnels, qu’il n’était pas nécessaire de proposer une rémunération aux influenceurs à moins de 10000 abonnés…
C’est donc très intéressant pour les marques, elles peuvent toucher des personnes qualifiées gratuitement ou quasiment gratuitement car un produit à envoyer ne leur coûte pas grand-chose.
Alors devez-vous répondre positivement à ce genre de demandes ?
La question que vous devez vous poser est : « qu’est-ce que j’ai à y gagner ? »
On a vu que c’était intéressant pour la marque, mais pour vous, est-ce intéressant ? Je vous invite à prendre en compte d’un côté, ce que cela vous coûte. Prenons l’exemple de la création d’une recette avec le produit d’une marque :
- Temps de réflexion pour trouver la recette.
- Achat des ingrédients.
- Temps pour réaliser la recette. On peut même aller jusqu’à l’électricité pour réaliser la recette, l’usage de vos équipements de cuisine (mais là, on va un peu loin 😉 )
- Temps pour créer la mise en scène.
- Temps pour faire les photos.
- Temps pour retoucher la ou les photos.
- Temps pour rédiger la recette/l’article.
Faites le calcul, combien cela vous prend au total ? Vous n’avez peut-être pas encore défini votre taux horaire donc difficile de convertir votre temps en euros mais je suis sûre que vous avez compris que tout ce temps, c’est du temps dépensé pour lequel vous ne touchez rien et que vous auriez pu utiliser autrement. Sans parler des investissements que vous avez peut-être fait en matériel photo, en vaisselle… et du temps passé à construire votre communauté, développer votre blog ou autre.
D'un autre côté, demandez-vous « Qu’est-ce que cela vous rapporte ? ».
Sauf si on parle d’un robot multifonctions à plusieurs centaines d’euros voire 1000€, il y a peu de chances que la valeur du produit égale la valeur du temps que vous aurez dépensé pour le contenu.
Et qu’en est-il de la visibilité ? On vous vend parfois de la visibilité en échange d’un contenu. Alors sachez qu’il y a très peu de chances qu’un repost ou un partage sur le compte de la marque vous apporte des centaines et encore moins de milliers d’abonnés ni plus d’opportunités… Pour en avoir discuté avec d’autres blogueurs ou créateurs de contenus, ce n’est JAMAIS le cas !
Vous voyez donc qu’il ne s’agit pas d’une collaboration gagnant/gagnant et c’est ce déséquilibre qui n’est pas correct.
Sans parler du fait que répondre positivement à ce genre d’offres casse le marché et décrédibilise la profession. Pourquoi une marque irait payer des créateurs de contenu/photographes culinaires quand certains acceptent de le faire gratuitement ?
Et ne parlons pas des agences, comment certaines agences peuvent encore proposer de travailler gratuitement en 2021 ? C’est leur rôle d’éduquer les clients à ce sujet…
Que faire à la place?
Je comprends, vous ne vous considérez peut-être pas encore assez légitime pour demander une rémunération contre votre travail (car oui il s’agit bien d’un travail). Ça c’est le syndrome de l’imposteur qui refait surface, on en a déjà parlé dans ma newsletter 😉 mais n’oubliez pas, si la marque est venue vers vous, c’est qu’elle a quelque chose à y gagner. Alors peut-être que pour commencer, vous n’êtes pas obligé(e) de demander plusieurs centaines d’euros. Commencez par un tarif avec lequel vous êtes à l’aise. Et demander une rémunération, aussi petite soit-elle, montre aux marques qu’il n’est pas ok de travailler gratuitement. Je suis sûre que votre interlocuteur, ou interlocutrice, ne travaille pas en échange de pâtes ou de boites de thon !
Quand il s’agit d’une agence, le client l’a payée pour un budget communication. Ce n’est pas normal qu’elle se garde toute la partie du gâteau.
Et parfois, certaines agences/marques essaient en première approche le travail contre un produit et après avoir envoyé nos tarifs, elles peuvent accepté une mission rémunérée finalement. C’est pourquoi, je ne pense pas qu’il faille tout de suite bloquer la porte à ces messages.
Il m’arrive aussi d’accepter que l’on m’envoie des produits sans rémunération mais dans ce cas, je précise bien que je ne m’engage en aucun cas à publier quoique ce soit. Si le produit me plait vraiment et qu’il se trouve que je l’utilise dans une recette, je le mentionnerais. Mais il se peut très bien que je n’en parle pas du tout. Il n’y a aucune garantie pour la marque ou l’agence d’avoir un retour suite à l’envoi des produits. Ils misent souvent sur le fait qu’en envoyant les produits à des dizaines de personnes, au moins quelques-unes en parleront.
Maintenant, je voulais quand même vous dire que dans certains cas, je trouve qu’il est envisageable de travailler sans rémunération.
Alors dans quel cas travailler gratuitement quand on débute ?
Dans tous les cas, il faut que cela soit gagnant/gagnant. On peut donc imaginer une dotation produit qui dépasse votre tarif et qui vous intéresse.
Cela peut également être vous qui allez démarcher une petite marque qui vous tient à cœur pour lui demander de collaborer ensemble sans rémunération afin de construire votre portfolio ou votre expérience. Quand on débute, on peut avoir peur de demander une rémunération de peur de ne pas satisfaire le client, de ne pas être à la hauteur. On peut également ne pas avoir de demandes et avoir peur de démarcher car l’on a pas assez d’exemples de son travail.
S’entraîner avec un produit, une marque, un service qui correspond aux types de clients et aux types de prestations que l’on souhaite réaliser, permet de gagner en confiance. La marque, elle, a tout à y gagner car elle aura des photos/un post ou un article sur elle qui lui permettra de gagner en visibilité ou qu’elle pourra partager sur ses réseaux.
Ce travail réalisé vous permettra de construire votre portfolio ou votre compte instagram et de montrer à de potentiels clients ce que vous pouvez faire. On pourrait imaginer un autre exemple de collaboration non rémunérée entre un(e) photographe culinaire et un(e) styliste culinaire débutant(e)s. Le ou la styliste repart avec des photos pour montrer son travail. Le ou la photographe a de beaux plats mis en valeur pour valoriser ses photos et aussi montrer son travail de photographe.
En conclusion
Pour conclure, je pense que c’est ok de travailler gratuitement quand on débute à partir du moment où l’on a quelque chose à y gagner et que c’est vraiment une collaboration gagnant/gagnant. Et vous, qu’en pensez-vous?
[…] je t’invite à lire l’article Doit-on travailler gratuitement quand on débute en photographie culinaire de Mélanie car c’est elle qui m’a inspiré à écrire cet […]